Utilisateur 00001844
dimanche 1er novembre 2020 10:23
Développer le potentiel hydro-électrique
Je suis, sur ce point, en accord avec vous -2002- et en désaccord avec-1754-
« Impossible, dites-vous, cela demande de construire des ouvrages de rétention pour réguler le débit des cours d'eau ».
Cette impossibilité, en réalité, est factice, promue notamment par quelques ayatollahs de l'environnement bien introduits dans l'administration de l'eau et de l'environnement et certaines fédérations de pêche ...
Telle celle du Morbihan [voir éditorial de « Je pêche en Morbihan »janv 2017 ou article de Ouest-France du 8-9 avril) où elle s'inquiète de l'avenir de la gestion des cours d'eau par les collectivités »
Dénonçant la loi « Energie : autoconsommation d’électricité et énergies renouvelables » n°2017-227 du 24 février 2017 qui déclare compatible la production hydro-électrique des moulins à eau et l'autoconsommation , elle prétend que cette loi serait contraire à l'objectif de restauration de la « continuité écologique ».et aurait été énoncée, « Sous la pression des lobbys des propriétaires de moulins […] »
En réalité il n'est pas vraiment nécessaire de construire de nouveaux ouvrages de retenue de l'eau.
Pendant des siècles, en Bretagne, 8 000 moulins (3000 à vent et 5 000 à eau) ont assuré l'approvisionnement en farine ;
Environ 2 800 moulins à eau, toujours en place sur les 4 départements bretons avec leur infrastructure hydraulique :... ne produisent plus de farine... mais, équipés de turbines, sont aptes à produire une énergie verte, pérenne et économique
• l'énergie est la raison d'être des seuils de moulins,
• la filière pico ou micro-hydro-électrique ( pico-centrales : - de 10 kW / micro-centrales: de 10 à 500 kW/ mini-centrales : de 500 à 2 000 kW / petite centrale : de 2 à 10 MW) est mature :
• elle peut afficher un prix de revient au kWh à même de défier l'énergie fossile ou nucléaire et à fortiori l'énergie éolienne ou solaire;
• le potentiel hydroélectrique est estimé par les associations de moulins bretons à 42 MW-
Quelques comparaisons :
- 42 MW (potentiel hydro breton estimé) correspondent à 72 000 toitures de 20m2 chacune de panneaux photovoltaïques
- une éolienne produit moins de 2000 kh/an au maximum de sa puissance,
une turbine de moulin à eau peut produire entre 5 000 et 6 000 heures/an , et pour un potentiel minimal de 3kW, une production de 56 kWh/jour
Donc un très grand nombre de moulins disposent encore d'aménagements (digues/seuils/retenues d'eau) qui permettent d'utiliser le potentiel énergétique de l'eau (au fil de l'eau, par dérivation ou par chute).
Ces aménagements servaient autrefois à actionner divers mécanismes ou machines ( meules de moulins, scieries, forges, …)
Seuls certains de ces aménagements ont été équipés de turbines pour produire de l'hydro-électricité, mais le plus grand nombre disposant toujours d'ouvrages de dérivations (vannages/canaux...) ne sont plus utilisés à cet effet bien qu'ils disposent d'un droit inaliénable à utiliser leur potentiel énergétique.
Les ouvrages de moulins à eau implantés pour le plus grand nombre depuis des siècles (13° au 18° siècle), équipés de seuils qui ne dépassent pas 2 m ,et disposant de la force hydraulique de l'eau :
- ont, s'ils sont gérés, entretenus, et respectent leur « droit d'eau » un fonctionnement qui a été – et est toujours- compatible avec la vie et la migration piscicole..., et la continuité écologique;
- sont aptes, s'ils sont équipés de turbines récentes et performantes, à produire de l'hydro-électricité, une énergie naturelle, renouvelable, locale, la moins chère à produire, disponible essentiellement en hiver (5 à 6 000 heurs/an), au moment des pics de consommation, et propice à l'autoconsommation comme à la réinsertion d'électricité dans le réseau ;
- ont de surcroît un rôle écologique, en servant notamment de ralentisseurs à l'écoulement trop rapide de l'eau (facteur d'inondations), et, grâce aux zones humides qu'ils maintiennent alimentées en amont des barrages , à leur fonction d'éponge et de filtre recueillant les excédents d'azote et de résidus phytos entraînés par la dévalaison et l'érosion de terrains en pente bordant les rivières...
Ce diagnostic est confirmé par de nombreuses contributions scientifiques nationales et internationales – récentes et indépendantes - qui concluent assez unanimement que le peuplement piscicole :
- n'est pas impacté/ ou menacé par les petits ouvrages aménagés depuis des siècles sur les cours d'eau ;
- que la restauration de la « continuité écologique » n'est pas de nature à permettre le repeuplement piscicole, (espèces migratrices comprises) ;
-- que l'essentiel des programmes - et des dépenses innombrables – pour reconquérir « la continuité écologique » - concept exclusivement français – ne contribue guère à la reconquête du « bon état écologique » que l'Union Europeénne (DCE 2000) a prescrit aux Etats membres ;
- que le véritable problème du peuplement piscicole est lié aux pollutions diverses de l'eau (micro-polluants chimiques, endocriniens, résidus pharmaceutiques, métaux lourds, pcb, phyto-sanitaires...) et effets des pratiques agro-culturales récentes en proximité des cours d'eau ;
Ce diagnostic est également confirmé par un audit parlementaire de scientifiques de renom et indépendants organisé à l'assemblée nationale en novembre 2016 qui conclue, concernant l'objectif de « continuité écologique, «nous nous sommes trompés».
Il ne s'agit donc pas tant de « créer de nouveaux ouvrages de rétention » que d'autoriser ou d'encourager les propriétaires d'ouvrages existant (privés ou collectivités) à s'équiper de turbines performantes existant maintenant sur le marché.
Sur notre territoire (ou proche), il existe encore de nombreux moulins ou aménagements hydrauliques liés , dont certains sont propriété de collectivités (moulin de Celac à Questembert, moulin neuf à Rochefort en Terre, moulin de Pen-Mur à Muzillac). Réaménagés et reconnectés aux ouvrages de prise d'eau, équipés de turbines adaptées et performantes comme indiqué précédemment, ils pourraient disposer d'un potentiel de production hydro-électrique tout à fait significatif (12 à 20kw/h x par 5 à 6 000h/an pour les moulins cités). Ce n'est pas rien, et c'est tout à fait dans la ligne de ce que prescrit le PCAET sur le plan énergétique.